40 ans de la Peugeot 205 : version diesel ou GTI

Dans notre dernier article (lire 40 ans Peugeot 205 : la genèse (Partie 1)), on a pu découvrir que la Peugeot 205 était une petite révolution dans sa conception. Une révolution qui a payé dès son entrée sur le marché. Ce succès s’est très vite accéléré, notamment, dès la fin de l’année 1983 avec la présentation de la version Diesel qui propose le nouveau moteur du groupe PSA, le XUD7 de 1769 cm3 pour 60 ch. Les records de consommation annoncés, permettant de parcourir 1000 km avec un plein, sont vérifiés par des journalistes, dont l’Auto Journal qui va effectuer le 17 octobre 1983 le trajet Paris – Barcelone avec un seul plein. C’est la première fois qu’une voiture réalise un tel exploit. 1040 km sont parcourus juste avant la panne sèche ce qui donne une consommation mixte de 4.56 litres au 100 km. Le savoir-faire Peugeot en matière de Diesel s’écrit et va conquérir les sociétés, les gros rouleurs et les pays étrangers comme l’Allemagne. Plus de 18% des 205 seront équipées de cette motorisation disponible, au début, en trois finitions GLD, GRD et SRD.

Une voiture pratique, mais pas passionnante, tout le contraire de la nouvelle version qui vient renforcer son succès : la fabuleuse GTI. On l’a vu dans l’histoire de la 104 (lire 50 ans de la 104 : la petite Peugeot sort ses crocs), Peugeot commence à apprivoiser le sport automobile et à développer des versions plus sportives pour la route avec la sympathique, mais trop sage 104 ZS. Depuis 1975, la Golf GTI a créé un segment à succès, rejoint dès 1976 par la R5 Alpine (lire : 50 ans de la R5 : elle ne manque pas d'air). Le lion ne peut plus laisser faire et la 205, plus moderne, est le produit idéal. La 205 GTI sort le 16 février 1984 avec le nouveau moteur de la gamme XU de 1580 cm3 dotée d’une injection électronique pour 105 ch et une V-Max de 190 km/h. C’est l’occasion de découvrir pour la première fois la déclinaison trois portes qui sera ensuite proposée avec les moteurs traditionnels. Avec ses jantes 14 pouces en alliage, ses phares longue portée, ses élargisseurs d’ailes en plastique, ses compteurs inédits, sa sellerie spécifique et ses tapis rouges, elle a fière allure et séduit de nombreux foyers qui veulent participer à la folie des années 80 dans la recherche de performances ultimes (12% des ventes en 1985 !). Elle sort au bon moment et le service communication, qui a commencé à dépoussiérer ses méthodes, signe des pubs d’anthologie où la GTI fait la course tantôt avec un hélicoptère, tantôt avec un bombardier qui la mitraille. Ses réglages châssis spécifiques avec un train avant à double triangulation, en font une voiture passionnante à piloter, voir dangereuse pour le commun des mortels avec son train arrière très mobile qui peut facilement décrocher sur les routes humides. Les fossés s’en souviennent encore …..

Les différentes versions de la Peugeot 205

Le lion a sorti définitivement ses griffes et la 205 devient la meilleure vente en France en 1984, 1985 et 1990. En 1985, elle occupe 12.85% du marché français et s’exporte à hauteur de 53%. Le millionième exemplaire sort le 9 décembre de l’usine de Mulhouse. Tout le monde aime ce sacré numéro, mais la 205 n’est plus toute seule depuis fin 1984. Sa rivale a fait peau neuve sous le nom de Renault Supercinq qui va finir par lui voler la vedette entre 1986 et 1989. Elle ne s’abat pas pour autant en proposant une floppée de nouvelles versions, souvent limitées, à l’instar de la sympathique Lacoste, ainsi que de nouvelles finitions (XE, XL, XR et XT) et de nouveaux modèles à part entière avec le cabriolet dessiné par Pininfarina qui débarque en 1986. Basé sur la version 3 portes, le cabriolet CT (1 360 cm3, 80 ch) et CTI (1 580 cm3, 115 ch) se fait vite remarquer avec sa construction sérieuse et son bon comportement routier malgré ses 40 kg supplémentaires. Son arceau améliore la rigidité en torsion et le kit carrosserie de la GTI aide à provoquer un coup de cœur, surtout chez les jeunes.

La Peugeot 205 T16 : reine des rallyes

Le rapide succès de la 205 s’explique, en partie, par sa nouvelle communication et ses programmes sportifs. Jean Boillot a, dès l’origine du projet, milité pour faire de la 205 une voiture à l’image sportive. Le groupe s’est alors détaché de la F1 avec Talbot Ligier Matra pour se concentrer sur le championnat du monde des rallyes sous la supervision de Jean Todt. En 1982, la réglementation évolue en rallye avec l’apparition du Groupe B qui permet l’utilisation de nouvelles technologies, comme les transmissions intégrales, et par conséquences des puissances jamais vues jusque-là. C’est le championnat rêvé pour la 205. Le programme et l’étude sont lancés dès 1982 sous le nom « Projet M24 Rallye » qui aboutira à la légendaire 205 T16. Les ingénieurs ont étudié de nombreuses solutions techniques pour la transmission (2 ou 4 roues motrices), le moteur (4 cylindres ou V6) ainsi que la position du moteur (porte-à-faux, centrale…). Finalement, le modèle de compétition (Evo I) optera pour un 4 cylindres turbo de 365 ch en position centrale arrière, une transmission intégrale et un châssis tubulaire sur lequel on pose un semblant de carrosserie en plastique reprenant les traits de la 205 de série. Une bête bodybuildée qui doit, pour l’homologation, être proposée à au moins 200 exemplaires pour la route. La version de route sort en 1984 et reprend le look avec le même moteur de 1 775 cm3 dégonflé à 200 ch et 255 Nm ainsi qu'un intérieur un peu moins rustique. Les performances sur la route sont exceptionnelles avec un 0 à 100 km/h en 6,8 s. En compétition, elle brille dès son entrée en 1984 avec trois victoires entre les mains d’Ari Vatanen. En 1985, elle évolue (Evo II) avec un moteur poussé à 530 ch et un kit carrosserie plus exubérant. Elle rafle tout sur son passage et remporte en 1985 et 1986 le titre de champion du monde à la fois des constructeurs, mais aussi des pilotes avec Timo Salonen et Juha Kankkunen. Les puissances démesurées et les accidents tragiques à répétition conduisent la FISA à arrêter le Groupe B à la fin 1986. La 205 T16 est orpheline et se retrouve en 1987 et 1988 engagée en rallye raid, dans une version légèrement adaptée, et remporte les deux éditions du Dakar avec Vatanen en 1987 et Kankkunen en 1988. Elle rencontrera également de nombreux succès en rallycross en Europe et en France avec plus de 700 ch sous le capot. Enfin, elle participe sans victoire à la célèbre course de Pikes Peak avec 550 ch. Une voiture au palmarès incroyable qui a permis à la 205 d’être une icône. Via le département promotion de Peugeot Talbot Sport, de nombreuses pièces étaient proposées sur les 205, notamment GTI, pour que chaque client puisse célébrer à son niveau ces victoires. C’est le cas du kit PTS sur la 205 GTI proposé en 1985 avec un nouvel arbre à cames, une nouvelle culasse et des soupapes modifiées pour une puissance de 125 ch.

205 Roland-Garros ou 205 Multi ?

La carrière de la 205 continue sa route avec des déclinaisons toujours plus nombreuses. La boite automatique fait son apparition en 1986, les séries spéciales inondent les rues (Junior en 86, Open en 87, la désirable Roland-Garros en 89, l’Indiana en 91) et la voiture évolue avec une nouvelle planche de bord en 1987 et de nouveaux rétroviseurs et essuie-glaces. C’est aussi l’année de l’apparition des nouveaux moteurs TU très fiables qui remplacent les moteurs X. Les cylindrées restent identiques, mais la puissance augmente tandis que la consommation baisse.

Elle joue la carte de l’utilitaire fin 1985 avec la 205 Multi, une 205 trois portes transformée, grâce à une cellule en polyester, en petit utilitaire avec hayon par Gruau et Durisotti. La 205 F plus connue, suivra en 1993 avec un design plus classique prenant la base d’une 5 portes dotée d'une cellule rallongée et élargie avec feux de Peugeot J9 et portes de Citroën C15 – le mythique ! -.

La GTI qui a participé à sa renommée propose au catalogue en 1986 le 1,6 litres en 115 ch, épaulé par le nouveau 1,9 litres de 130 ch à la fin de l’année. Ce dernier dispose de nouveaux réglages châssis, de quatre freins à disque et d’une boîte de vitesses à l’étagement plus long.

En 1988, elle est rejointe par la 205 Rallye destinée aux amateurs de compétitions automobiles à moindres frais. Elle a été étudiée pour être facilement préparable et compétitive dans la catégorie N des « moins de 1300 cm3 ». Elle opte alors pour le moteur TU 1294 cm3 avec deux carburateurs Weber pour 103 ch. Son faible poids de 865 kg, sa peinture blanche avec bandes PTS et ses trains roulants de la GTI, participent à son succès auprès des amateurs de sportives. Les 5000 exemplaires prévus sont largement dépassés avec plus de 30 000 unités produites.

La GTI ose la couleur avec une très rare version Le Mans, à destination du marché suédois (84 ex en bleu Miami), et la Griffe en 1990 avec 1652 exemplaires en vert Fluorite. Elle ose également le luxe en assouplissant ses suspensions et en se dotant d’une présentation plus luxueuse sur la Gentry. Elle est proposée de 1991 à 1994 en vert Sorento ou beige Mayfair pour concurrencer les Renault Baccara.

Le remplacement de la Peugeot 205

Les normes de pollution obligent la pose d'un catalyseur dès 1993 affectant les performances. Le déclin de la 205 commence à se faire sentir. Le remplacement d’une succestory est difficile à réaliser et les dirigeants de chez Peugeot ont été frileux en essayant de contourner le problème avec, d’un côté une plus petite voiture, la 106 et de l’autre côté une plus grosse voiture, la 306. Des modèles qui vont bien marcher et qui vont donc faire concurrence à la 205. Également, la clientèle en recherche d’une voiture du gabarit de la 205 va se tourner vers la récente et plus moderne Clio. La 205 décline avec l’abandon de la GTI en 1994, du Cabriolet en 1995. Subsiste fin 1996, l’unique version 205 Génération disponible avec le 1,4i essence de 1 360 cm3 et le 1,8 diesel de 1 769 cm3.

Entre temps, les bureaux d’études ont enfin trouvé une réelle remplaçante avec la Peugeot 206 qui fait ses débuts en septembre 1998, signant l’arrêt définitif de la 205. Elle quitte la scène après avoir eu mille vies. Elle a transporté de nombreuses personnes à travers le monde, elle a sorti de la faillite son constructeur, elle a promu la passion des sports mécaniques et de la passion automobile en général et elle a conquis à tout jamais le cœur de nombreux français. Le sacré numéro s’en va avec une belle récompense. Les 5 278 300 unités font de la 205 la Peugeot, la plus produite à son départ. Un héritage qu’elle laissera à la 206 qui deviendra elle aussi un très grand succès et même la voiture française la plus produite de tous les temps, mais ça c’est pour une autre histoire…. Joyeux anniversaire 205 !  

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