La Renault Supercinq fête ses 40 ans cette année. Cette citadine française populaire a connu un large succès grâce à ses nombreuses déclinaisons. Parmi elles, la Baccara, qui a créé le segment de la citadine de luxe. ALEPOC vous propose de redécouvrir cette voiture française à travers l’essai d’une belle Renault Supercinq Baccara. Avec son moteur 1 721 cm³ robuste et performant, ses équipements haut de gamme et son intérieur en cuir Conolly, cette version assure un voyage dans le temps. Découvrez pourquoi elle se présente comme la plus polyvalente des Supercinq.

 

Renault Super 5 : une Renault 5 modernisée

Un designer célèbre : Marcello Gandini

 

Renouveler une voiture à succès est toujours très difficile. La Renault 5 a été largement plébiscitée par les clients grâce à son design novateur (lire 50 ans de la R5 : elle ne manque pas d'air). Prendre la relève d’une telle icône des voitures populaires françaises n’était pas une mince affaire. La firme au losange a donc fait appel à un designer de renom, Marcello Gandini. L’auteur des plus belles italiennes a déjà œuvré pour Renault en dessinant la fabuleuse Renault 5 Turbo.

Pour la Super 5, Gandini s’est chargé de moderniser les traits. Le design est plus contemporain, plus lissé, tout en étant reconnaissable entre tous. À l’intérieur, le tableau de bord n’est peut-être pas le plus ergonomique, mais il se distingue par son traitement original de la casquette des compteurs.

Disponible en trois et cinq portes, voire même en utilitaire avec le Renault Express, la Supercinq devient la voiture la plus vendue en France entre 1986 et 1989.

 

La première citadine de luxe : la Super 5 Baccara

La Renault Supercinq doit lutter dans un segment hautement concurrentiel. La Peugeot 205 ne lui laisse aucun répit avec sa version sportive GTi et ses moteurs plus puissants sur les versions GT. Lors du restylage de la Supercinq en 1987, les ingénieurs de Renault décident d'introduire de nouvelles finitions et un nouveau moteur pour combler le vide entre la TS et la GT Turbo.

 

La Renault Super 5 GTX et Baccara font leur apparition avec sous le capot le moteur F2N 1721 cm³ de 90 ch. Si la GTX se veut un peu plus grand tourisme, la Baccara innove et crée un nouveau segment : celui de la citadine de luxe. Elle se distingue de la GTX par plusieurs points :

 

  • La Super 5 Baccara n’est disponible qu’en trois portes
  • La Super 5 Baccara dispose en série de belles jantes Comètes en alliage
  • La Super 5 Baccara adopte une très belle sellerie cuir Conolly généralement montée dans les voitures de luxe

Le nom Baccara, qui symbolise le luxe à la française, n’est pas nouveau chez Renault puisqu’il est déjà utilisé sur la berline R25. Avec la Supercinq Baccara, Renault offre la promesse d’avoir tout le raffinement d’une berline statutaire française dans un gabarit réduit. Du jamais vu !

Malgré son prix exorbitant, la plaçant au même niveau que la version sportive Super 5 GT Turbo, la Baccara a eu son petit succès dans les beaux quartiers grâce à ses teintes exclusives et son équipement enrichi :

  • Fermeture centralisée avec commande à distance
  • Vitres électriques
  • Direction assistée
  • Ordinateur de bord
  • Banquette rabattable
  • Peinture intégrale
  • Plastiques de la même couleur que la sellerie cuir
  • Une plage arrière avec housse intégrée pour ranger sa veste de costume : le comble du luxe

 

La Super 5 Baccara charme avec ses teintes qui nous transportent dans les années 1980. L’habitacle et l’équipement ont été soignés, mais qu’en est-il de sa motorisation et de son comportement routier ?

 

Sur la route avec la Super 5 Baccara : polyvalence

 

Un nouveau moteur : le moteur F de 1721 cm³

Initialement proposée avec les vénérables moteurs Cléon Fonte, la Supercinq entre dans la cour des grands avec l’adoption d’un nouveau moteur issu de la gamme F. Sous le capot de la petite Renault, on retrouve alors le 4 cylindres atmosphérique à carburation double corps de 1721 cm³, portant le nom de code F2N.

Starter, contact. Les quatre cylindres se mettent en route avec un bruit caractéristique. Certains moteurs ont une signature sonore reconnaissable entre toutes. Un Cléon Fonte a sa propre musique, et le moteur F aussi. Difficile à décrire, mais les passionnés de voitures anciennes savent de quoi je parle. Une fois le ralenti calé, je pars explorer les environs du Lac de Salagou, haut lieu de villégiature de l’Hérault. Les routes vallonnées me permettent d’exploiter les 90 ch et 138 Nm de couple du moteur F2N.

 

Malgré son âge et ses presque 200 000 km, le moteur est toujours vif. Suffisamment onctueux en bas des tours pour se déplacer sans effort en ville, il délivre une belle nervosité au-delà de 3500 tr/min jusqu’à 6000 tr/min. Loin d’être le plus sportif de la gamme, il allie à la fois caractère et souplesse, ce qui convient parfaitement à la définition luxueuse de la Baccara.

Renault annonçait un 0 à 100 km/h en 9,4 secondes à l’époque, un score très honorable rendu possible par la très bonne boîte de vitesses manuelle à cinq rapports, avec une commande douce et précise. L’embrayage est facile d’utilisation avec une faible profondeur de course.

 

Un très bon comportement routier

 

La Renault Supercinq a introduit une nouvelle plateforme plus moderne dérivée des Renault 9 et Renault 11. Les moteurs se trouvent alors en position transversale. La suspension est assez classique avec :

  • Jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis à l’avant
  • Barres de torsion, barre antiroulis à l’arrière

 

Une fois accoutumé à la position de conduite légèrement décalée vers le centre, on se sent assez vite en confiance derrière son volant. Les voitures françaises ont fait leur réputation pour leur tenue de route, grâce à nos nombreuses routes sinueuses. Un comportement routier sûr est primordial.

La Super 5 ne déroge pas à la règle avec un essieu arrière stable. Le train avant, qui accuse le coup du surpoids dû au nouveau moteur, se montre assez vif pour une ancienne voiture française. Si la direction assistée montée en série sur la Baccara est très pratique en ville, elle dilue les sensations sur les petites routes.

L’assistance n’est pas asservie à la vitesse et la direction devient alors trop légère à vitesse plus soutenue, rendant difficile la détection des limites d’adhérence et du sous-virage. Mais le faible gabarit et la prise de roulis limitée rendent les balades enthousiasmantes.

Je descends la vitre via l’interrupteur positionné au centre du tableau de bord, mon coude se hisse à la portière et je me transporte à la fin des années 1980, bercé par les sons de la nature héraultaise et par des odeurs de cuir et d’essence qui se mélangent dans l’habitacle. L’assise est royale, digne des berlines les plus luxueuses, et la suspension offre un bon compromis entre confort et maintien de la caisse. Merci au poids plume de 900 kg.

J’ai même pu la tester dans des conditions « à la parisienne » dans les bouchons organisés par l’ami Stéphane Thuret, propriétaire de cette Super 5, qui nous l’a prêtée pour participer à la seconde édition du Bouchon de la N9 à Clermont-l’Hérault dont nous étions partenaires (article à venir). L’année dernière, c’était la légende Daniel Elena qui était assis à ma place au volant de la même voiture, comme nous avons pu le raconter dans notre article dédié.

Dans les bouchons, la Super 5 se comporte sans encombre. Le moteur est suffisamment coupleux pour démarrer en douceur et il supporte bien les ralentis sans soubresaut. La voiture ne chauffe pas particulièrement, même si les pièces mécaniques comme le ventilateur sont mises à rude épreuve.

Le système de freinage, quoique peu important dans les bouchons, est suffisamment dimensionné pour la voiture. Le mordant est suffisant sans être très fort. La Super 5 s’équipe de :

  • Disques ventilés de 238 mm à l’avant
  • Tambours de 180 mm à l’arrière

Renault Super 5 Baccara : le bilan d’une citadine hors du commun

La petite voiture populaire française a été produite à plus de trois millions d’exemplaires jusqu’en 1996 dans toutes ses versions, mais la Renault Super 5 Baccara est peut-être la meilleure d’entre elles à bien des égards :

 

  • Elle offre des performances honorables à mi-chemin entre sportivité et grand tourisme.
  • Elle a inauguré un segment jamais vu auparavant et dispose d’une histoire distinctive.
  • Elle dispose de tous les équipements de l’époque avec une dose de charme supplémentaire.

Les plus :

  • Les pièces détachées pour la Renault Super 5 sont facilement trouvables pour la partie mécanique et peu onéreuses.
  • La fiabilité du moteur 1.7 est largement éprouvée grâce à sa culasse conçue comme un moteur diesel.
  • Son prix exorbitant pour l’époque, au même niveau qu’une GT Turbo, en fait aujourd’hui un véritable collector.
  • La Renault 5 et la Super 5 sont à la mode avec le lancement de la nouvelle version. La cote est en hausse, surtout pour les belles versions.
  • Une voiture polyvalente, facile à conduire qui peut être un excellent moyen de débuter dans le monde de la voiture ancienne populaire française en l’utilisant tous les jours en « daily ».

 

À surveiller :

  • La rouille peut être son ennemi au niveau de la baie de pare-brise et des bas de caisse.
  • Les plastiques de la planche de bord sont fragiles et deviennent difficiles à trouver.
  • La carburation faisait défaut à la sortie d’usine avec la semelle et la cale du carburateur qui se déformaient (trou à l’accélération, surconsommation). Depuis 1991, il existe un nouveau dispositif qui pallie ce problème.
  • Fuite d’huile sur les boîtes de vitesse manuelles dès 90 000 km et faiblesse de la synchro du 2ème rapport.
  • Cardans souvent sollicités qui se déchirent entre 60 000 et 80 000 km.
  • Électronique assez faible.

C’est avec un brin de nostalgie que je rends les clés de cette citadine d’un nouveau genre. Merci à Stéphane pour la confiance et le prêt de cette Renault Super 5 Baccara. Pour les amateurs, sachez qu’elle est à vendre, n’hésitez pas à vous manifester.