Parmi les différents constructeurs français de l’époque, Simca a toujours eu une place à part. Ses origines latines et ses influences américaines avec les différents rachats ont donné un certain exotisme aux modèles proposés. Ces différentes influences ont permis d’avoir une gamme assez vaste par moments, mais aussi assez incohérente avec des modèles diamétralement opposés. Une histoire riche et passionnante qui suscite l’intérêt des collectionneurs en Europe. À l’initiative du Simca Club de France, ces amoureux de la marque à l’hirondelle se sont réunis au bord du sympathique lac de la Magdeleine à Gujan-Mestras, lors du week-end de l’ascension. ALEPOC y a fait le déplacement pour découvrir les plus de 300 véhicules exposés retraçant toute l’histoire de Simca. Ce rassemblement est devenu un événement annuel incontournable pour les passionnés de la marque. Chaque édition met en avant un modèle spécifique ou célèbre un événement marquant de l'histoire de Simca afin de préserver l'héritage de la marque et de maintenir en vie la mémoire des voitures qui ont marqué leur époque. Cette année, la vedette était la Simca 1300/1500 qui fête ses 60 ans. Pour célébrer cet événement, près d’une soixantaine d’exemplaires ont fait le déplacement.

Un dessin classique et épuré

À l'aube des années 60, la gamme Simca commençait à vieillir, avec une Vedette archaïque qui a été arrêtée en 1961, une Aronde P60 au design démodé et une Ariane dépassée et positionnée en haut de gamme. Avec l'essor économique et l'émergence de la classe moyenne, il était urgent de développer une nouvelle berline. L’argent frais apporté par la montée au capital de Chrysler permet au « Monsieur Simca », Pigozzi, de sortir un projet inédit en entrée de gamme : la Simca 1000.  Dans la même lignée, la 1300/1500 a été lancée en 1963 pour apporter un vent de fraîcheur à la gamme supérieure. Cette nouvelle berline était d'ailleurs le dernier projet de Pigozzi avant d'être licencié par Chrysler cette même année. Les noms ont été remplacés par des chiffres pour une nomenclature moins extravagante.

Derrière ces chiffres, le designer Mario Revelli de Beaumont a réussi un exercice de style avec une voiture aux lignes épurées et équilibrées, apportant beaucoup de luminosité dans l'habitacle. Son design classique était bien ancré dans son époque et cachait des solutions techniques éprouvées sur la SIMCA Aronde. La SIMCA 1300 conservait l'architecture propulsion avec essieu rigide. Elle était également équipée de quatre freins à tambour et du moteur "Rush", un quatre cylindres culbuté à soupapes en tête, dont la cylindrée avait été augmentée à 1290 cm3 pour développer 54 ch. Les suspensions avaient été revues avec des jambes de type MacPherson à l'avant et des ressorts hélicoïdaux à l'arrière. Cette voiture classique n'était pas connue pour ses performances, mais son approche conservatrice plaisait.

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En 1964, une version plus puissante est apparue avec la SIMCA 1500, équipée d'un moteur de 1475 cm3 développant 69 ch. Ce moteur, de type 342, avait été spécifiquement développé pour la 1500. Elle se distinguait par des pare-chocs plus enveloppants et des freins à disque à l'avant. Elle offrait également la possibilité d'opter pour une boîte automatique et était disponible en quatre finitions (L, LS, GL et GLS), tout comme la 1300.

Cette même année, le break 1300/1500 a été introduit. À l'époque, c'était une carrosserie encore rare qui commençait à séduire les familles et les entreprises (lire break Peugeot). Ce break Simca proposait un système d'ouverture du hayon vers le bas, permettant un meilleur chargement. La vitre du hayon pouvait être abaissée avec une manivelle pour faciliter le chargement d'objets longs. C'était une première en France, inspirée des "Station Wagons" américains. Ce break a d'ailleurs été adopté par la Police Nationale.

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L’évolution de la gamme

Avant l'apparition de la Simca 1100 en 1967, dont de nombreux exemplaires étaient présents à Gujan-Mestras, la gamme Simca devait être revue pour éviter toute concurrence interne. C'est ainsi qu'en 1966, la 1300/1500 a laissé sa place à la SIMCA 1301/1501, qui n'était autre qu'un important restylage. La structure centrale est restée la même, mais les designers ont redessiné les faces avant et arrière avec de nouveaux phares, capots et une calandre inédite. Ces modifications ont allongé la voiture de 21 cm. À l'intérieur, le tableau de bord a évolué avec une instrumentation horizontale. Sous le capot, les mêmes moteurs ont été conservés avec une légère augmentation de puissance. La gamme était proposée en trois finitions (LS, GL et GLS) avec deux moteurs. La 1301 était équipée d'un moteur de 1290 cm3 développant 57 ch, atteignant une vitesse de pointe de 138 km/h, tandis que la 1501 utilisait un moteur de 1475 cm3 développant 73 ch, permettant d'atteindre une vitesse de croisière de 151 km/h. Attention, ça déménage !

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En mars 1967, une version utilitaire du break appelée 1301U a été introduite sur le marché, mais elle a rapidement été retirée à l'automne 1968 en raison d'une demande insuffisante.

Pour les amateurs de sensations fortes, le constructeur a dévoilé en 1969 une version plus sportive appelée Spécial. La SIMCA 1501 Spécial était le haut de gamme, avec ses 81 ch (moteur de type 342S). Elle était équipée de freins assistés, d'un levier de vitesse au plancher, d'un volant sport et de phares longue portée. La 1501 a également été légèrement mise à jour avec une nouvelle calandre intégrant des phares antibrouillard. La même année, le tableau de bord a évolué avec l'apparition de petits compteurs ronds, deux pour la 1301 et quatre pour la 1501.

Au début de l'année 1970, la 1301 a abandonné le moteur "Rush" au profit du même moteur que la 1501, mais dans une version réduite de 1290 cm3 (type 345) développant 60 ch. Elle a également proposé une version Spéciale avec une puissance de 70 ch.

La concurrence de la Chrysler Simca

Au tournant de ces années 1970, Simca, intégré à Chrysler Europe, s’est vu confier le développement d’une nouvelle berline haut de gamme qui a été présentée en 1970 sous le nom de Chrysler Simca 160, 180 ou 2 litres en fonction de la motorisation. Elle adoptait un style américain surannée avec des dimensions européennes, mais elle n’a pas marqué les esprits. Il est rare d’en croiser et nous avons eu la chance d’en apercevoir lors du rassemblement. Cette nouvelle berline va signer le début de la fin de la 1301/1501. Afin d’éviter qu’elle n’empiète sur les platebandes de la nouvelle SIMCA Chrysler, la 1501 est arrêtée dès le millésime 1972 ne laissant plus que la 1301 au catalogue, mais seulement pour un moment car la 1501 est réintroduite pour le millésime 1974 en raison du manque d’intérêt pour la nouvelle berline. Les deux versions adoptent des moteurs dépollués réduisant leurs performances (73 ch pour la 1501 et 67 ch pour la 1301).

La saga de la 1300/1500 s'est achevée en 1976 après avoir écoulé 1 343 000 exemplaires. Sa remarquable habitabilité et son design classique aux accents italiens ont su conquérir le cœur des classes moyennes. La dernière Simca de l'ère Pigozzi est une madeleine de Proust pour certains, qui se remémorent leurs enfances à partager de longs voyages en famille. Elle a même joué le premier rôle dans le film Playtime de Jacques Tati. Bien qu'elle soit discrète dans les collections, elle reste un bon moyen d'accéder à la voiture ancienne avec le charme d'une voiture des années 60. Avis aux amateurs ;)